Avec la place prise par les crises graves de notre quotidien, jugez-vous souhaitable d’adapter notre manière d’appréhender les situations potentielles ?

Je vous dirai qu’il faut vivre avec la réalité qui vous entoure. Car vivre dans une illusion, un monde tel qu’on le rêve, même s’il est à priori plus agréable, nous fait prendre le risque d’un retour violent des réalités. Il ne s’agit pas de dramatiser les évènements, de s’engouffrer dans une spirale paranoïaque qui serait une source d’angoissante permanente ; il s’agit de prendre en compte le risque objectivement, sans le surestimer, mais sans l’écarter non plus. En l’intégrant dans son « logiciel des possibles », on va naturellement se préparer à l’imprévu, et renforcer notre capacité à faire face à une crise si celle-ci devait réellement surgir.

Le fait de s’être préparé mentalement comporte un double avantage : celui d’éviter un phénomène de sidération ou de panique face à une menace, et celui de permettre une réaction de survie adéquate qui va, pour partie, se programmer en amont dans son cerveau : c’est ce qu’on appelle la préparation mentale et émotionnelle, qui pourra compléter une préparation technique ou opérationnelle.

En tant que patron du GIGN, vous avez formé les militaires à se préparer mentalement et physiquement aux situations d’exception. Certaines de ces méthodes sont-elles transposables au contexte civil actuel ?

Oui car les hommes et les processus psychologiques sont identiques. La différence provient justement dans le fait que certains sont entrainés à faire face à des situations d’exception alors que d’autres ne le sont pas. Au GIGN et dans les unités spéciales en général, une grande attention est portée sur la préparation mentale des opérateurs, car malgré tous les moyens mis à leur disposition, ils restent des humains avec leurs peurs et leurs angoisses. Or ce qui m’intéresse est justement de partager mon expérience de la préparation aux risques, avec le monde civil et de l’entreprise qui n’est pas sans tension ni sans conflit.

Certains de ces conflits professionnels génèrent parfois des angoisses conscientes et parfois inconscientes qui vont avoir des conséquences sur le bien être des salariés, et finalement altérer leurs capacités professionnelles. Cela peut avoir également des conséquences sur leur vie privée et sociale, s’ils ne sont pas pris en compte.

Vous intervenez à la demande d’entreprises soucieuses d’informer leurs salariés et de les préparer à adopter les comportements qui protègent et aux gestes qui sauvent. Comment procédez-vous ?

Dans la formation à la gestion des conflits ou la gestion des situations à risques, j’insiste sur des points qui me paraissent essentiels : tout d’abord accepter la notion de conflit, de risque comme une hypothèse naturelle, possible et finalement comme une épreuve devant être traversée et vaincue. Des situations de confrontation peuvent être imaginées en les décrivant, en intégrant les réactions positives et des « tactiques » verbales ou non-verbales adaptées à la situation, que je pourrai alors déployer afin de les intégrer dans mon logiciel des réponses. Ensuite, j’insiste sur la dimension humaine de la crise, sur la nécessité de bien connaître l’impact du stress mais aussi le rôle des personnalités, afin d’en tirer un maximum de bénéfice.

Enfin, des exercices à la fois verbaux ( techniques de désescalade et de médiation) mais aussi physiques ou techniques peuvent être proposés en fonction des demandes et des cas particuliers de chaque entreprise. Au final, l’important est de renforcer la confiance en soi pour  devenir plus résilient face aux différentes menaces.

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Frédéric Gallois – Biographie

Ancien élève de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint Cyr, Frédéric Gallois réalise une carrière d’Officier au sein de la Gendarmerie Nationale durant laquelle il sert principalement au GIGN pendant prés de 15 ans. Diplômé d’état-major, il est titulaire d’une licence d’économie, d’un Master en Intelligence Economique et d’un MBA HEC/Gendarmerie Nationale en « management de la sécurité».

Officier de réserve de la Gendarmerie Nationale, il est également intervenant au profit de plusieurs médias sur l’actualité touchant à la lutte contre le terrorisme.  Enfin, il s’est spécialisé dans la formation sur les thématiques de gestion des conflits, de gestion des crises et sur le management.